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Définir son projet professionnel : quand on transforme sa passion en orientation scolaire puis en vocation professionnelle

Tu es peut-être actuellement en réflexion sur ton projet professionnel ou de formation ? Tu fais sûrement face à des hésitations, tu as des doutes ou peut-être que tu n’oses pas te lancer ? Aujourd’hui, je souhaite partager avec toi le parcours de Marie et son choix d’orientation scolaire. Marie a choisi une formation professionnelle et un CAP dans les métiers de la couture après l’obtention de son baccalauréat général.


Je trouve intéressant de partager avec toi trois sujets à travers le parcours de Marie. Peut-être pourras-tu t’identifier à l’un d’eux ?

- La pratique d’un loisir qui devient par la suite une passion et qui peut t’ouvrir les portes d’une voie professionnelle.

- Prendre le temps de sa réflexion, mûrir son projet, s’informer et s’engager.

Mais aussi, apprendre à se connaître (ses centres d’intérêts, ses compétences, ses motivations) et à trouver sa voie.

- Oser faire des choix d’orientations différents, de ceux de son entourage, de ses parents ; oser se former à un métier manuel à l’ère des métiers de la pensée et des formations en filières dites prestigieuses (avocat, ingénieur, médecin…).

L’interview de Marie sur son choix d’orientation scolaire

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans dans trois mois, et je viens d’être diplômée d’un baccalauréat général spé SES et HGGSP avec mention bien.


Que fais-tu en septembre ?

En septembre, je commence un CAP couture vêtement tailleur en alternance avec la marque Dior comme assistante première main.


Pourquoi as-tu choisi cette orientation vers un certificat d’aptitude professionnelle après des études générales, et pas un BTS ?

Le CAP va m’apporter des bases techniques. L’ensemble des professionnels du secteur m’ont conseillé de travailler mes bases techniques pour réussir par la suite.


Je n’avais pas envie de reprendre un cursus avec une base de cours généraux qui ne me seront pas dispensés pendant mon CAP étant donné que je suis déjà diplômée de mon bac.


Pourquoi as-tu choisi la couture ? Est-ce une passion ? Depuis combien de temps ? As-tu des connaissances ou de la famille dans ce secteur d’activité ?

Parce que la mode est le sujet qui m’intéresse. La couture est une activité manuelle qui s’est transformée au fil des années en réel intérêt puis en passion.


Tu évoques le mot passion, comment t’est-elle venue ?

De famille, ma grande tante avait une nouvelle machine à coudre et m’a montré comment l’utiliser. Dès que je le pouvais, je cousais avec elle. J’étais la seule intéressée par ce sujet et elle prenait plaisir à partager sa passion.


Puis, il y a eu l’achat de ma première machine. Depuis, je couds régulièrement. J’ai fait trois années de cours hors temps scolaire et aussi plusieurs stages pendant les vacances. Je couds depuis mes débuts au collège, à l’âge de 10 ans.


Comment te projettes-tu dans les années à venir ? As-tu une idée de métier que tu souhaites exercer ?

J’envisage deux années de CAP puis un brevet professionnel et un Bachelor en modélisme. L’objectif est de viser un poste de modéliste dans un environnement haute couture si je le peux.


As-tu rencontré des difficultés dans le fait de choisir ce parcours ?

Je pouvais m’orienter dès la fin de mon collège en classe de 3ᵉ. Je ne l’ai pas fait, car mes parents souhaitaient que je continue en études générales. Le sujet a été évoqué plusieurs fois, mais je n’étais pas encore certaine de mon orientation finale. Il était donc plus sérieux de poursuivre en voie générale et de faire un choix d’orientation après mon bac.


Si tu devais recommander des personnes en cours d’orientation en fin de classe de 3ᵉ ou à l’âge de 14-15 ans, que leur dirais-tu ?

Je ne pense pas avoir perdu mon temps à passer un bac général pour reprendre par la suite un CAP. J’ai aimé mes années lycée même si les cours ne m’enchantaient pas plus que ça. Mais si tu es certain de ta voie, il ne faut pas hésiter.


Comment réagissent tes amis, ta famille face à ton choix d’orientation ?

La plupart des personnes qui m’entourent me soutiennent. Ils sont un peu inquiets, car je ne choisis pas une voie « classique », c’est-à-dire s’orienter vers une prépa ou une école. L’inquiétude vient du fait de gagner correctement ma vie plus tard avec un métier manuel et une qualification professionnelle. J’ai quelques amis qui s’orientent vers des voies artistiques, donc je ne suis pas la seule. Une amie s’oriente par exemple vers un CAP pâtisserie.


Tu t’es découvert une passion, mais comment se découvre-t-on une passion ?

Pour ma part, je suis une personne plutôt manuelle. J’aime créer et fabriquer des choses. J’aime tout simplement coudre et cela ne me demande aucun effort. Par exemple, quand je couds, je perds la notion du temps.


J’ai aussi longuement réfléchi à mon choix et à l’implication de mes décisions d’orientation. Ma réflexion mûrement réfléchie m’a aidée à conforter mon choix.

La crise sanitaire et l’envie générale de métiers plus concrets

La crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur de questionnement sur le sens donné à son activité professionnelle. En effet, en ayant un peu plus de temps libre dû au confinement, beaucoup de personnes en ont profité pour réévaluer leurs priorités et se questionner sur leur avenir professionnel. De plus, le contexte économique incertain et les licenciements ont incité certains à envisager des reconversions professionnelles pour trouver des emplois plus stables. De même pour ceux qui ont subi des dégradations de leurs conditions de travail, augmentant le stress et l'insécurité de l'emploi, ce qui les a poussés à reconsidérer leur carrière pour un métier avec plus de reconnaissance, par exemple.


Une envie générale s’est donc développée : changer de métier pour suivre une passion ou une envie de pratiquer un métier plus concret, plus manuel, plus humain, se reconnecter à l’essentiel et donner plus de sens à sa carrière. Ces personnes s’intéressent notamment aux métiers dans l’alimentation, la construction, la santé ou encore l’artisanat. Des secteurs en tension avec des entreprises rencontrant des difficultés à recruter.


Selon un sondage effectué par OpinionWay pour l’Atelier des Chefs en août 2023, 37 % des personnes interrogées sont souvent ou parfois intéressées par un métier manuel ou d’artisanat. De plus, 50 % disent que cette reconversion n’est pas valorisée dans le monde de l’entreprise. Pourtant, les besoins de certaines entreprises en France n’ont jamais été aussi élevés.


Les formations en voie professionnelle augmentent depuis 2000, mais seulement 27,1 % des sortants en classe de 3ᵉ s’orientent vers une voie professionnelle contre 61,4 % vers une seconde générale et technique (selon une note d’information de la Depp de décembre 2023). Cela montre une obsession en France pour le diplôme et une valorisation des études longues, souvent abstraites, au détriment des études courtes qui sont méprisées.

Conclusion : Faire ses choix scolaires en prenant en compte ses passions

Le parcours de Marie illustre parfaitement comment une passion peut se transformer en vocation professionnelle. En prenant le temps de réfléchir à ses choix et en osant s'engager dans une voie moins conventionnelle, elle s’assure de faire un métier qui lui plaît vraiment.


Il est important de ne pas forcément céder à la pression sociale de faire des longues études, mais plutôt de suivre ses passions et de ne pas hésiter à emprunter des chemins différents. Que ce soit dans la couture, la pâtisserie ou d'autres métiers artisanaux, chaque passion peut devenir une carrière enrichissante. Le plus important est de trouver du sens à son travail et de s’épanouir dans ce que l’on fait.

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